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Amsterdam distribue gratuitement à ses habitants un livre sur son passé esclavagiste

par Bluebob
Amsterdam distribue gratuitement à ses habitants un livre sur l'histoire esclavagiste de la ville

Plutôt que de gommer l’Histoire, la municipalité d’Amsterdam a choisi de mettre en lumière le passé esclavagiste de la ville, en distribuant gratuitement à tous ses résidents un livre retraçant le rôle de la capitale néerlandaise dans les grandes heures du colonialisme. Ou comment transmettre l’Histoire pour combattre les pensées racistes d’aujourd’hui…

Amsterdam choisit de transmettre la sombre histoire esclavagiste de la ville

Alors que, dans certains pays, on choisit de gommer l’Histoire en déboulonnant des statues et en débaptisant des rues, les Pays-Bas ont choisi une autre voie.

Ou plus exactement à Amsterdam, où la municipalité a choisi la voie de la mise en lumière, de la pédagogie et de la transmission. Celles de l’Histoire de la ville à sa population pour combattre le racisme.

Il faut dire que la capitale néerlandaise porte un bien lourd fardeau historique. C’est pourquoi elle n’a eu de cesse, ces dernières années, de multiplier les initiatives pour s’affranchir de son passé esclavagiste et colonialiste. Afin de pouvoir construire aussi un avenir commun à tous ses habitants. Dans une ville pourtant mondialement considérée aujourd’hui comme un havre de tolérance et de progressisme

Amsterdam et les Pays-Bas, une plaque tournante de l’esclavage entre les XVe et le XIXe siècles

Ainsi, il convient de dire que le passif est lourd. Et l’Histoire n’oublie pas que les Pays-Bas comptaient 7 colonies dans les Caraïbes (dont le Surinam et Curaçao), en Afrique du Sud, et en Indonésie.

Au XVIIIe siècle, l’esclavage représentait 10,3% du PIB de la seule province de Hollande où se trouve Amsterdam. Sans compter les produits liés comme le sucre, le café ou le tabac.

Un commerce qui a profité à bon nombre de familles amstellodamoises et dont le nombre de victimes est étourdissant.

Ainsi, on estime qu’en 3 siècles, les négociants néerlandais ont envoyé 600 000 Africains en Amérique du Nord. Et entre 660 000 et 1,1 millions de personnes dans l’Océan Indien.

Alors, certes, les Pays-Bas ont fini par abolir l’esclavage en 1863. Mais longtemps après le Danemark (1803) ou même les empires coloniaux qu’étaient l’Angleterre (1834) et la France (1848). Et encore a-t-il fallu attendre une décennie supplémentaire pour obtenir le réel respect de l’abolition.

Amsterdam passe d’un devoir de mémoire à un activisme pédagogique et constructif

Si, jusqu’à ces dernières années, Amsterdam se contentait d’un devoir de mémoire, tous les 1er juillet, pour commémorer l’abolition « officielle » de l’esclavage, on peut constater que la municipalité en place a accéléré le mouvement ces dernières années.

Déjà, en 2019, la nouvelle équipe municipale de la maire Femke Halsema (Gauche Verte) décidait d’attribuer les noms des rues du nouveau quartier de Ijburg à des personnalités ayant combattu le colonialisme et l’esclavage.

Au mois de mai 2021, le prestigieux Rijksmuseum d’Amsterdam lançait l’extraordinaire exposition ESCLAVAGE, retraçant l’histoire de 10 personnes, esclaves comme propriétaires de plantations, par le biais d’une collection d’objets et de documents sonores inouïe. Ou comment relancer le débat dans un pays qui a encore du mal – mais la volonté – à s’affranchir de son statut d’ancienne plaque tournante de l’esclavage. Toutefois, il est à noter que c’est le roi Willem-Alexander, en personne, qui est venu inaugurer l’exposition.

Un livre pour regarder le passé en face et l’avenir avec sérénité

En 2020, et à la demande de la Ville, l’Institut International d’Histoire Sociale lançait une large étude sur le rôle historique de la ville dans la traite mondiale des esclaves. Un ouvrage dont les conclusions sont réunies dans le livre « Amsterdam et l’histoire de l’esclavage », que la municipalité a décidé de distribuer gratuitement à tous les résidents de la capitale néerlandaise. Que ce soit dans les bibliothèques publiques ou à l’Hôtel de Ville.

Un bout d’Histoire de la ville qui met aussi en lumière les idéaux racistes de « l’âge d’or » néerlandais, dénonçant de fait leur bourgeonnement nouveau aux Pays-Bas. Comme dans bon nombre de pays du monde.

Une connaissance du passé pour bâtir dans la sérénité un futur commun… Comme le résume Rutger Groot Wassink, adjoint au maire d’Amsterdam, lorsqu’il dit que « l’identité de la ville est en partie déterminée par notre passé commun, le beau et le terrible ».

D’où l’importance de telles actions culturelles et pédagogiques car, « de cette façon, nous pouvons partager les leçons du passé les uns avec les autres et les transmettre aux nouvelles générations ».

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