La Cour constitutionnelle d’Equateur a pris une décision historique au début du mois de décembre en invalidant un projet d’exploitation minière dans la Forêt protectrice de los Cedros. Dénonçant une « violation des droits de la nature », elle s’est posée en rempart contre l’exploitation galopante et fatale d’un joyau de la biodiversité de notre planète.
La Cour constitutionnelle d’Equateur vient au secours de la forêt brumeuse de Los Cedros
Au début du mois de décembre, la Cour constitutionnelle équatorienne a pris une décision historique en faveur de la protection de la nature. Et plus particulièrement de la forêt brumeuse de Los Cedros.
Cela a commencé par un arrêté du 10 novembre. Puis par sa publication au début du mois de décembre, reconnaissant et dénonçant une « violation des droits de la nature » dans la Forêt protectrice de Los Cedros. Par cette décision, la Cour constitutionnelle interdit de facto toute activité d’extraction minière dans cette forêt protégée.
En réalité, cette décision de la plus haute instance constitutionnelle vient ratifier une décision adoptée par la Cour provinciale de justice d’Imbabura, validant l’action de protection demandée et proposée par la municipalité de Cotacachi en faveur de la forêt.
La forêt protectrice de Los Cedros, joyau planétaire de biodiversité
La forêt brumeuse de Los Cedros, au nord ouest de l’Equateur et à 70 km au nord de la capitale Quito, est considérée comme un paradis sur terre. Un havre représentatif de la forêt andine et classé parmi les points chauds de biodiversité de la planète.
Néanmoins, elle reste l’une des zones les plus menacées du globe. Et elle le doit à l’ouverture par le gouvernement Correa aux concessions minières consenties en 2016, fort discrètement, aux exploitations minières. Depuis, les sociétés minières, au premier rang desquelles Enami EP, mordaient de plus en plus férocement sur la région. Mettant en péril une grande partie des aires naturelles protégées…
De fait, perchées entre 900 et 2 200 mètres d’altitude, celles-ci abritent une biodiversité d’une richesse incroyable. Ainsi, on y trouve 178 espèces animales à haut risque d’extinction. Comme l’Ours à lunettes des Andes, le singe araignée à tête brune ou des félins comme l’Oncille ou le Margay. Mais sa flore n’est pas en reste, avec une canopée constituée de 299 espèces d’arbres par hectare – un taux parmi les plus élevés au monde – et près de 190 espèces d’orchidées.
Aussi, toute la communauté scientifique voit la région comme un laboratoire à ciel ouvert. Une terre bénie par la nature mais dont la richesse ne se limite malheureusement pas à la biodiversité. Et c’est pour son or et son cuivre que les exploitants miniers se sont rués sur Los Cedros.
Une décision historique qui a suivi la mobilisation des autochtones et des ONG
Mais ces « petits arrangements entre amis » n’avaient pas prévu l’extraordinaire mobilisation qui s’est déclenchée depuis 5 ans. Que ce soit par le biais d’ONG internationales comme Rainforest Information Center ou l’Alliance Mondiale pour les droits de la nature, mais aussi par la constitution d’associations autochtones. Ces dernières étant menées par des figures de plus en plus emblématiques (et juridiquement formées !) de la défense de la forêt. La mobilisation a donc fini par mener la cause de Los Cedros sur le terrain politique… et constitutionnel !
C’est ainsi que la plus haute Cour d’Equateur en est venue à rendre une décision aussi décisive pour la protection d’un site. Reconnaissant de fait que sa principale richesse était sa biodiversité !
Et elle ne s’est pas limitée à interdire l’exploitation sur la zone… En effet, elle a intimé à l’Enami EP l’obligation de « supprimer l’infrastructure qui a été construite dans ladite forêt et de reboiser les zones qui ont été affectées par lesdites infrastructures ou par l’ouverture de routes ». Enfin, elle a ordonné au Ministère de l’Environnement et aux autorités concernées « d’adopter toutes les mesures nécessaires pour la préservation de la forêt protectrice ».
« Historique » on vous dit…