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L’optimisme : comment ça fonctionne ?

par Bluebob
L'optimisme : comment ça fonctionne ?

En ces temps pour le moins éprouvants, l’optimisme semble être tout ce qu’il nous reste pour entrevoir encore des jours meilleurs, à plus ou moins long terme. Mais qu’est-ce qui différencie ceux pour qui « tout est foutu » et ceux qui espèrent toujours un « monde d’après » radieux ? Des singularités physiologiques ? Psychologiques ? Et est-ce finalement si bon d’être optimiste ?

Verre à moitié vide ? Verre à moitié plein ? Êtes-vous optimiste ?

L’excellente rubrique Décryptages du média suisse Le Temps s’est récemment penchée avec brio sur la question de l’optimisme. Véritable couteau de survie mental dans les temps que nous traversons, qu’est-ce qui produit cette certitude indécrottable que seul du bon pourra découler de ce nous vivons ? Les cerveaux des optimistes fonctionnent-ils normalement pour croire que tout finira bien par s’arranger ? Et est-ce que l’optimisme est un caractère inné ou acquis, voire encore héréditaire ?

L’optimisme, un pare-feu cérébral pour éviter la panique

Alors que 2020 mérite bien son sobriquet d’« annus horribilis », entre la crainte de l’épidémie, l’éloignement de nos proches et les actualités pour le moins sombres dont nous abreuvent les médias, nos cerveaux nous laissent tout de même entrevoir et espérer des jours meilleurs.

Alors que les restrictions nous accablent (pour notre bien, certes) et nous coupent de tout ce qui venait rythmer et enrichir notre vie (voyages, culture, gastronomie, relations), nous ne pouvons nous empêcher de tirer encore des plans sur la comète, de prévoir notre lieu de villégiature pour les prochaines vacances ou le calendrier des barbecues pour le printemps prochain.

Cette « condamnation au positivisme » s’appelle le « biais d’optimisme ». En réalité, il nous sert inconsciemment de pare-feu pour nous amener à « sous-estimer la probabilité de survenue » d’événements négatifs ou contraires à nos espérances. C’est le cas, par exemple, du « biais d’optimisme » des fumeurs qui, bien que conscients des risques sanitaires liés à la cigarette, développe l’idée plus confortable que « ça arrivera peut-être aux autres… mais pas à nous » !

Optimisme / pessimisme, c’est le cerveau qui choisit !

Si la science navigue encore un peu à vue sur l’optimisme, n’arrivant pas vraiment à déterminer si celui-ci découle d’une part d’hérédité génétique des parents, il reste surtout indéniable que c’est le contexte social et environnemental qui va décider dans quelle équipe on va évoluer. Optimistes ou pessimistes ?

En réalité, on ne choisit pas en conscience d’être positif ou négatif. Mais, s’il est avéré qu’il n’existe pas de PC cérébral de l’optimisme dans le cerveau humain, on peut toutefois constater que ceux des optimistes ne fonctionnent pas comme ceux des pessimistes.

De fait, l’optimisme fait intervenir des centres cérébraux aussi bien cognitifs qu’émotionnels bien particuliers, qui leur permettent de ne pas traiter les informations de la même manière. Ainsi, chez l’optimiste, les zones cérébrales dévolues au traitement des mauvaises nouvelles semblent comme mises en sommeil. De même, des zones cérébrales fortement impliquées dans les émotions sont suractivées chez les optimistes. Des zones que l’on retrouve ankylosées chez les dépressifs. Des constatations cliniques qui établiraient que la dépression serait directement liée à l’optimisme.

Mais pouvons-nous pour autant décréter que l’optimisme serait bon la santé ?

L’optimisme rallongerait l’espérance de vie… si vous avez les moyens !

C’est ce que sembleraient déterminer plusieurs études qui ont établi une corrélation entre l’optimisme et l’allongement de l’espérance de vie. Mais des « corrélations » seulement, et aucunement de preuve de « cause à effet ».

Car, comme le souligne Sébastien Dieguez, chercheur en sciences cognitives, « le problème avec ce genre d’études c’est qu’il est difficile de faire le tri entre les liens de causalité ». Ainsi, s’il est possible que l’optimisme conduise à une meilleure santé, il est fort probable aussi que les gens en bonne santé sont aussi souvent ceux qui ont accès aux services de santé, à de meilleures conditions de vie… Et ont donc toutes les (bonnes) raisons d’être optimistes en l’avenir !

Le piège de la pensée positive

Et Sébastien Dieguez de pointer « l’industrie de la pensée positive » qui s’est mise en place depuis plusieurs années, et qui va beaucoup trop loin en responsabilisant les gens en leur faisant croire que leur santé dépendra de leur positivisme. Culpabilisant de fait les « gens qui vont mal » parce qu’ils ne font pas « ce qu’il faut » pour aller mieux.

Si l’optimisme n’est pas un caractère propre à l’homme, et qu’il a été maintes fois observé et attesté chez les animaux, il pourrait toutefois devenir une faiblesse chez tout le monde s’il s’avérait devenir outrageusement dominant dans notre lecture du monde et des situations.

Ainsi, toujours selon Sébastien Dieguez, un « optimisme déluré peut être synonyme de naïveté ou de crédulité ou de confiance excessive ». D’où l’avantage, finalement, d’un pessimisme qui nous garderait en éveil, qui nous « permettrait de rester plus lucide, plus proche de la réalité ».

De fait, ne serions-nous pas plus souvent déçus en tant qu’optimistes que positivement surpris en tant que pessimistes ?

De même, Sébastien Dieguez met en garde contre un excès d’optimisme sur certaines thématiques comme le social, l’économique ou l’environnemental, et qui « risquerait de nous aveugler par rapport à certaines réalités » et à ne finalement pas faire ce qu’il faut. Et le chercheur d’appuyer là où ça fait mal en pointant du doigt le risque d’un trop plein d’optimisme chez certains dirigeants « trop sûrs d’eux », « l’optimisme étant souvent déconnecté de la compétence ».

Le cerveau, seul rempart contre la morbidité du monde

Difficile toutefois de se décider « optimiste lucide », car c’est finalement notre cerveau qui mène la danse… et pour notre bien !

Ainsi, et alors qu’il passe son temps à enregistrer et à analyser toutes les informations du monde qui nous parviennent, c’est lui qui choisit de faire le tri pour nous préserver tant que faire se peut. Et c’est lui qui nous offre un filtre d’optimisme dans le traitement de certaines informations.

L’optimisme, c’est donc bon pour la santé, mais ça ne se décrète pas et il ne faut pas qu’il nous aveugle !

C’est pourquoi, chez Filgoodnews, nous ne vous intimerons pas l’ordre d’être positifs ou optimistes, mais essaierons toujours de vous donner de bonnes raisons de l’être en vous rapportant les bonnes nouvelles de celles et ceux qui construisent quotidiennement un monde meilleur.

Source : Le Temps

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