À l’image du club de football de l’Union de Philadelphie (États-Unis), qui veut faire de son Subaru Park le premier stade américain « zéro déchet », les clubs et les stades de football se mobilisent de plus en plus pour redorer leur image éco-responsable. Gestion des transports du public, des déchets ou recours aux énergies renouvelables… Petit tour d’horizon des efforts en cours…
Les stades de football se mobilisent pour l’éco-responsabilité
Si l’environnement a longtemps été éloigné des préoccupations majeures des grands clubs de football, brassant pourtant énormément de monde lors des soirs de matches (transport, déchets), il semblerait que le vent commence à tourner partout dans le monde.
Ainsi, la construction des stades modernes a fait de l’éco-responsabilité l’une de ses priorités et l’un de ses étendards éco-politiques. Plus encore lorsqu’il s’agit de l’utilisation d’énergies renouvelables pour réduire considérablement l’impact écologique d’un soir de match.
Si le stade « Eco Park » des Forrest Green Rovers, club de 4e division anglaise, devrait bientôt montrer la voie du stade 100% écolo (construit en bois durable, alimenté à 100% en énergie renouvelable, etc.), son modèle reste exemplaire pour les stades de petite dimension (5 000 places).
Beaucoup de stades modernes (ou modernisés) ont preuve des efforts des fédérations ou des clubs pour se rapprocher d’un compromis plus acceptable avec l’éco-responsabilité. Par exemple, le mythique stade Maracana de Rio (75 000 places), au Brésil, avait pour la Coupe du Monde 2014 été l’objet d’un équipement photovoltaïque colossal sur son toit pour le rendre énergétiquement autonome.
Des pratiques qui ont largement inspiré les projets de conception des nouveaux stades comme le Groupama Stadium de Lyon (59 000 places) ou l’Allianz Riviera de Nice (35 600 places).
En réalité, plusieurs grands groupes de construction (comme Vinci) ou d’équipement (comme Orange) se servent des stades 2.0 pour démontrer leur volontarisme en la matière et leur savoir-faire en éco-responsabilité.
Le zéro-déchet, nouveau cheval de bataille des clubs
Si une meilleure gestion des transports des supporters (modes doux, co-voiturage et transports en commun non polluants) et le recours aux énergies renouvelables sont aujourd’hui devenus des chevaux de bataille pour beaucoup de clubs souhaitant afficher leur volontarisme, un problème majeur reste à résoudre : la gestion des déchets !
Ainsi, selon Football Écologie France, un match de football de Ligue 1 (le championnat français) génèrerait à lui seul 10 à 11 tonnes de déchets, selon l’affluence. Multiplié par 10 matches (le championnat comprenant 20 clubs), une journée de Ligue 1 produirait à elle-seule entre 100 et 110 tonnes de déchets. Et une saison entière (comprenant 38 journées) coûterait donc entre 3 000 et 3 800 tonnes de déchets. Des chiffres fous à relativiser cette année puisque depuis plus d’un an les stades ne reçoivent plus de public…
Néanmoins, des clubs ont déjà pris l’affaire au sérieux, comme l’Amiens SC en France, qui voulait faire de son stade de la Licorne (12 000 places) le premier stade zéro déchet de France. La crise sanitaire aura donc réglé le problème pour cette saison.
Du coup, c’est outre-Atlantique, chez nos voisins américains (qui ont le droit d’aller dans les stades) qu’un club de football (ou plutôt de « soccer ») pourrait lancer le stade « 0 déchet ».
Le Subaru Park de Philadelphie, premier stade zéro déchet ?
Si le club de l’Union de Philadelphie ne brille guère par ses résultats dans la Major League Soccer (MLS), le championnat de football aux États-Unis, il ne manque pas d’ambition et souhaiterait même servir d’exemple durable en termes d’éco-responsabilité.
Conscients d’avoir produit dans leur stade du Subaru Park plus de 258,5 tonnes de déchets lors de leur saison 2019-2020, dont 18 seulement ont pu être recyclées, les Zolos (comme on les surnomme) ont décidé de faire de leur antre le premier stade américain sans déchet.
« Difficile à croire » me direz-vous quand on connaît la tradition immodérée des Américains de consommer hot-dogs, boissons et autres pop-corn lors des événements sportifs.
Pourtant, le club, la marque Subaru et la ville de Philadelphie travaillent d’arrache-pied avec des partenaires spécialistes du recyclage et leurs fournisseurs pour y parvenir.
La première cible de leur action ? Les emballages ! Finis les articles non recyclables comme les films plastiques. De même, tous les contenants (bouteilles, tasses, assiettes) qui seront distribués au public devront être recyclables et générer un minimum de déchets.
Pour récolter ces déchets recyclables, le club mise à la fois sur la pédagogie auprès du public (panneaux, vidéos, messages et animations), mais aussi sur l’art de bien trier les déchets, avec l’installation de poubelles adaptées et clairement signalées.
Un engagement d’avenir qui, s’il sert souvent à lustrer l’image éco-responsable d’un club, ne peut qu’entraîner les fans à adopter une pratique salutaire.
Mais il reste encore beaucoup à faire…
Si le transport du public, le recours aux énergies renouvelables et la gestion des déchets deviennent des préoccupations majeures pour les clubs de football (comme de tous sports d’ailleurs !), c’est fort bien !
Mais il restera encore à régler la question du transport des équipes pour les déplacements. Et en cela, le football a encore du chemin à faire.
En effet, l’argent étant au coeur de ce sport ultramédiatisé, tout est évidemment fait pour dorloter ses actifs. À savoir les joueurs ! Et il n’est pas rare que, pour optimiser leur récupération ou mieux gérer leur fatigue, les clubs aient recours à des déplacements aériens… alors que le bus de l’équipe – vitrine du club – voyage parallèlement à vide pour les récupérer à l’aéroport !
Comme quoi il reste encore du travail pour tous les clubs de football, en Europe et ailleurs, pour faire de l’éco-responsabilité partagée un réel objectif commun en plus de la cible sportive.
Des projets et des pratiques existent, saluons-les, mais encourageons surtout les clubs pionniers à toujours ouvrir la voie.