Milan est plus connue pour être l’une des villes les plus industrielles de la péninsule, que pour ses parcs publics. Pourtant, sous l’impulsion de son maire Giuseppe Sala, la capitale lombarde veut suivre l’exemple de Lisbonne et ambitionne de devenir à terme une capitale verte de l’Europe. Comment ? En plantant 3 millions d’arbres d’ici 2030 !
Une situation climatique tendue
Largement reconnue comme le centre industriel et économique d’Italie, Milan est aussi la plus grande aire urbaine du pays. Entre son activité et le changement climatique mondial, il va sans dire qu’elle est touchée de plein fouet par un réchauffement climatique qui porte très souvent la température au-delà des 40°C. Il est d’ailleurs assez fréquent de constater un écart de +6°C entre la périphérie de la ville et le centre.
Milan veut lancer sa révolution verte
A l’instar d’autres grandes villes européennes, Milan veut être une ville pionnière en Italie dans la lutte contre le réchauffement climatique.
D’ailleurs, des investissements importants ont déjà été consentis en ce sens avec le développement des transports en commun électriques (pour limiter l’usage de la voiture), les rénovations des systèmes de chauffage ou encore la création d’une vingtaine de nouveaux parcs.
Mais pour passer à la vitesse supérieure, le maire Giuseppe Sala a lancé le projet de forêt urbaine « Forestami », qui prévoit la plantation de 3 millions d’arbres d’ici 2030 ! Forestami ferait ainsi passer le rythme des plantations de 15 000 plantations annuelles aujourd’hui à 300 000 par an.
Végétaliser pour lutter contre le réchauffement climatique
Ce projet représente un effort conséquent, mais plus que bienvenu pour une ville dont la surface végétalisée représente 7% de sa surface, contre 21,4% à Genève, 21% à Amsterdam, 12% à Londres ou encore 16% à Turin. L’objectif serait donc d’atteindre les 17 à 20% de surface végétalisée et d’entrer dans la cour des meilleurs élèves européens.
Enfin, Forestami repose sur un triple objectif quasiment vital pour le bassin milanais : 1) lutter efficacement contre le réchauffement climatique en absorbant 80% des émissions de CO² ; 2) faire baisser la température de 2°C ; 3) améliorer notablement la qualité de l’air.
Une nouvelle manière de penser le végétal dans la ville
Mais comment mettre en oeuvre un tel projet ?
Le programme de Forestami est parfaitement défini et le plan de bataille clairement établi :
- Augmentation des zones vertes et perméables ;
- Augmentation de la part des toits verts de 90% ;
- Récupération des sols abandonnés et pollués par phytoremédiation ;
- Promotion de la transformation des cours d’écoles, des universités, des hôpitaux et des jardins en oasis vertes ;
- Promotion de la création de nouveaux jardins urbains ;
- Création d’une forêt orbitale dans la ville métropolitaine ;
- Renforcer la végétalisation dans les parcs publics.
Ce projet colossal sera financé par la ville, mais aussi et surtout par des financements extérieurs et l’apport notable de nombreuses fondations. Même si les donateurs et les entrepreneurs de la ville seront également « invités » à planter des arbres contre des contreparties fiscales…
Un as de l’architecture écolo aux manettes du projet
Pour diriger le projet, dessiner cette « forêt urbaine » et la faire sortir de terre, Giuseppe Sala a fait appel à l’architecte milanais Stefano Boeri.
Mégastar de l’architecture écolo, Boeri est l’auteur du « Bosco Verticale », ces deux tours d’habitation végétales de 110 et 176 mètres de haut, plantées en 2014 dans le quartier milanais de Porta Nuova et composées de 20 000 végétaux (800 arbres, 4 500 arbustes, 15 000 plantes).
Une « oasis végétale » en plein coeur de Milan qui absorbe plus de 30 tonnes de CO² par an, qui a été copiée partout dans le monde. Stefano Boeri l’a lui-même déclinée à Lausanne (Suisse), São Paulo (Brésil), Eindhoven (Pays-Bas), Nankin ou encore Shangaï (Chine).
Un projet monumental qui devrait inspirer un grand nombre de villes par le monde !