C’est la crise du logement chez les cigognes d’Alsace ! Et il semblerait que l’on n’ait jamais vu une telle population de l’oiseau fétiche de la région. Après avoir frôlé l’extinction, l’espèce s’est tellement remplumée que sa population peut aujourd’hui se permettre de se réguler naturellement.
Une population de cigognes jamais atteinte en Alsace
L’oiseau fétiche et emblématique de l’Alsace a eu chaud aux plumes. Dans la moitié des années 70, l’Alsace ne comptait plus que 9 nids de cigognes (à raison d’un couple et de 5 petits par nid), soit 63 spécimens. Alors qu’on avait encore dénombré 145 couples en 1960.
Entre les deux périodes, la chasse a fait des ravages, de même que la sécheresse du Sahel qui, lors des migrations hivernales, les empêchaient de se nourrir. Enfin, la prolifération des lignes électriques a fait le reste…
Toute la région s’est donc retroussée les manches pour sauver son oiseau fétiche, multipliant les politiques de protection, de reproduction avec des « enclos de repeuplement » et une croissance, certes en captivité, mais qui a permis à l’espèce de prospérer à nouveau, au fil des années.
De presque 80 couples en 1990, on est passés à 565 en 2011 puis 788 en 2015. Cette année, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) s’est lancée dans un comptage national des cigognes blanches. Avec un intérêt tout particulier pour leur répartition sur le territoire.
Car, comme le dit Yves Muller, président de la LPO, « si on veut protéger une espèce, il faut connaître ses effectifs ».
C’est ainsi que, depuis plusieurs semaines, des centaines d’observateurs bénévoles couvrent tout le territoire pour examiner nids et couvées de cigogneaux. Et il faut avoir l’oeil aiguisé pour ne pas les rater… quand elles ne préviennent pas de leur présence avec leurs claquements de becs distinctifs !
Ainsi, selon une première estimation, la population alsacienne atteindrait les 1 200 nids. Soit entre 6 000 et 8 000 spécimens ! Et l’on en trouve encore en Charente-Maritime, en Gironde et dans le Morbihan en provenance d’Espagne.
Le salut des cigognes passe par la reproduction en captivité
Si les données finales de ce recensement devraient être communiquées cet hiver, on peut d’ores et déjà se féliciter de cette renaissance.
En réalité, la cigogne doit son salut à sa capacité propre à bien se reproduire en captivité. Ce qui n’est malheureusement pas le cas de toutes les espèces. Selon Yves Muller, « on ne peut faire avec tous les oiseaux ce qu’on a réussi avec la cigogne ».
Néanmoins, il y a un revers au succès de la reproduction et de l’élevage en captivité. En effet, les spécialistes ont rapidement constaté que si les cigognes prospéraient à nouveau, elles ne tardaient pas à perdre leur instinct migratoire.
C’est pourquoi il a été crucial de relâcher, progressivement, des cigogneaux dans la nature pour que cette dernière puisse, à nouveau, trouver son chemin.
Le retour à la nature est d’ailleurs ce que prône Yves Muller, quand il clame qu’après avoir « sauvé les cigognes d’Alsace, qu’on laisse maintenant la population évoluer librement ».
C’est la crise du logement chez les cigognes d’Alsace
D’autre part, il y a un autre « problème » que tous les observateurs détectent suite à cette renaissance : la crise du logement dans les nids alsaciens !
C’est ce qu’a constaté Dominique, photographe amateur et dont les cigognes sont les « cibles » favorites. Alors qu’il avait eu la primeur de voir le premier couple de cigognes s’installer dans un des nids de son village de Neuwiller-lès-Saverne, au début des années 90, il constate aujourd’hui avec bonheur que « toutes les places sont occupées » !
Et il en va de même pour tous les nids d’Alsace !
Alors soyez sûrs que, si vous prévoyez d’aller faire un tour en Alsace, vous ne pourrez pas manquer ces gracieux oiseaux qui, en famille, vous regarderont de haut, depuis leurs nids pesant parfois plus de 100 kilos.
Et si vous les manquez, ne vous inquiétez pas ! Les cigognes sauront vous interpeler avec leurs claquements de becs si caractéristiques. Comme autant d’invitations à témoigner et à fêter leur renaissance.
Source : AFP