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Don’t Look Up : la comédie qui fait froid dans le dos

par Bluebob
Don't Look Up : le comédie d'Adam McKay qui fait flipper

On ne parle que de Don’t Look Up : Déni cosmique, le dernier film d’Adam McKay, malheureusement uniquement disponible sur Netflix. Mais à raison : non seulement le film est une excellente comédie comme on en fait plus, mais en plus il décrypte à merveille et avec un humour corrosif pourquoi nous pourrions très bien aller droit vers le crash.

Don’t Look Up, un feel good movie apocalyptique

Depuis le réveillon de Noël, jour de sa sortie – non pas en salles mais sur Netflix -, on ne parle de lui !

Mais si, vous savez, ce film avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence et une comète qui s’apprête à concasser la Terre en poussière et à la renvoyer au statut d’anecdote galactique. Dans l’indifférence folle et crasse des barreurs de ce Titanic sur le point d’embrasser son iceberg…

De fait, les médias de tous bords s’en sont emparés depuis sa sortie sur le petit écran pour tenter d’expliquer un phénomène artistique qui mobilise aussi bien le monde scientifique que politique, excite autant la conscience du grand public que l’intérêt aiguisé des cinéphiles.

En réalité, si l’on parle autant de Don’t Look Up, c’est déjà que c’est un sacré bon film, servi par d’explosifs talents à tous les étages. Et ça reste sans doute à ce jour l’une des meilleures productions long métrage Netflix. En effet, là où les frères Cohen et d’autres se sont cassé les dents, le réalisateur Adam McKay poursuit sa mue vers un cinéma engagé qui dissèque un monde qui devient fou.

Adam McKay, un fou génial aux commandes de la comète cinématographique de l’année

Qu’il fut fou… et génial, nous pouvions en être convaincus dès ses premiers films.

Des comédies déjantées avec d’autres fous géniaux comme Will Ferrell, Steve Carell ou encore Paul Rudd qui l’ont révélé au public. Que ce soient ses deux films sur le personnage Roy Burgundy (2004), Frangins malgré eux (2008), Very Bad Cops (2010) ou Légendes vivantes (2013), McKay nous a habitués à des bijoux délirants, souvent très réussis et portés au panthéon cinéphilique du rire en barre.

Mais, en 2015 avec The Big short, puis en 2018 avec Vice où il filme un incroyable Christian Bale dans le biopic de Dick Cheney (bon à rien alcoolo devenu Vice-président de George W. Bush), il teste un nouveau rire. Plus jaune, acide et clinique. Il autopsie par l’absurde le pourquoi du comment de l’histoire. Une nouvelle formule qu’il sublime encore avec Don’t Look Up.

Néanmoins, et outre la classe de sa mise en scène, la précision du scénario et la drôlerie des dialogues de David Sirota, il bénéficie aussi d’un propulseur de poids avec la présence au casting de Leonardo DiCaprio.

Des acteurs engagés au service d’une comète tragi-comique

Mondialement reconnu comme la personnalité artistique la plus engagée dans la protection de l’environnement et de la biodiversité, ou encore la lutte contre le réchauffement climatique, l’acteur fait aujourd’hui figure de premier de cordée. Sa présence dans l’aventure cosmique d’Adam McKay est donc purement naturelle. Tout comme celle de Jennifer Lawrence d’ailleurs, autre artiste engagée, puisqu’elle a été l’une des fondatrices du mouvement Time’s Up en réaction à l’affaire Harvey Weinstein.

À tous les deux, ils incarnent un duo d’astronomes à la petite semaine à qui une mortelle comète a choisi de se révéler. Et d’après leurs calculs, validés par la NASA, la planète verte n’aurait plus que quelques mois de sursis avant un nouveau Big Bang. Fatal celui-là. Cette découverte va déclencher tout un processus qui, dans le même temps, va permettre à Adam McKay de nous proposer un décryptage – par l’absurde et le rire – des forces adjuvantes qui font que, aujourd’hui, une catastrophe cosmique, climatique, environnementale ou sanitaire (?) pourrait fort bien nous frapper mortellement.

Don't Look Up : le comédie d'Adam McKay qui fait flipper

Du fiston pistonné (Jonah Hill) par sa maman, Présidente très trumpienne (Meryl Streep), en passant par des scientifiques relegués au second plan (Leonardo DiCaprio & Jennifer Lawrence)

Ainsi, des calculs électoralistes d’une Présidente aux vrais-faux-airs de Trump (l’exceptionnelle et hilarante Meryl Streep qui s’en donne à coeur de singer son ancien ennemi), aux excès anesthésiants d’une télé qui ne jure que par l’entertainement (avec le sublime duo Cate blanchettTyler Perry), en passant par l’avidité lunaire et insouciante d’un magnat de la Tech louchant cruellement vers les Zuckerberg – Musk – Bezos et consorts et qui veut dompter la bête pour l’exploiter (incarné par l’incroyable Mark Rylance), on suit par le menu la to-do-list pour foncer avec succès droit vers l’abîme.

Une comédie pour le grand public, presque un docu pour les scientifiques

Et les scientifiques dans tout ça ? Moqués et renvoyés au rang de simples témoins par les « grands » pour qui le pouvoir est un jeu, la réussite inéluctable, le profit une bonne raison à une prise de risque statistiquement acceptable.

« Caricatural » nous direz-vous ? « Schématique » répondrons-nous.

Ici repose tout l’art et le talent d’Adam McKay : réussir à réaliser un film qui, par le rire, nous accompagne tranquillement vers une situation apocalyptique… réaliste ! Mais point alors l’inquiétude… Car là où le grand public voit une comédie efficace au contenu un rien contestataire, le monde et la presse scientifique y voient presque un documentaire de ce que certains vivent au quotidien.

Aussi, avec le succès du film les langues se délient et les consciences se libèrent. Comme celles du climatologue Peter Kalmus qui n’a pas hésité à publier une tribune éloquente dans le Guardian pour comparer les mésaventures de Leo et Jenny à ce que lui et d’autres vivent face à la crise climatique. Et aux vaines alertes qu’ils lancent aux « dirigeants du monde libre », plus préoccupés par leurs réélections, le prochain SuperBowl ou la concurrence féroce entre géants technologiques qui veulent coloniser l’espace.

Don’t Look Up : « inspiré de faits réels… qui ne sont pas encore arrivés ! »

Ce qui insuffle la puissance de Don’t Look Up, c’est sa capacité à être « inspiré de faits réels… qui ne sont pas encore arrivés » ! Jamais un film d’anticipation n’aura si bien porté son nom.

Bref, Don’t Look Up n’est pas seulement une comédie redoutable où l’on rit beaucoup, mais aussi un décryptage sans concession d’une élite mondiale qui, par opportunisme, cupidité et avidité, s’attachera plutôt à exploiter le storytelling et les richesses d’une comète plutôt que de s’inquiéter de sa trajectoire. Ça ne vous rappelle rien ?

Il est simplement à regretter que le film ne sorte jamais sur grand écran.

On ose même pas imaginer le paquet d’argent qu’ils se seraient fait avec les entrées, les confiseries et les produits dérivés !

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