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La réalisatrice française Julia Ducournau secoue le cinéma mondial à Cannes !

par Bluebob
La réalisatrice française Julia Ducournau a secoué l'ensemble du cinéma mondial avec son film "Titane" au dernier festival de Cannes, et y a remporté la Palme d'Or

A l’occasion de la 74e édition du prestigieux Festival de Cannes, la réalisatrice française Julia Ducournau est devenue « à jamais la première » à remporter la Palme d’Or avec Titane, un film de genre rock et trash.

Julia Ducournau, première réalisatrice française à remporter la Palme d’Or

Qu’on se le dise, ce samedi 17 juillet sera à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire du Festival de Cannes.

Tout d’abord, eu égard aux conditions d’organisation particulièrement ardues de cette 74e édition qui se sera donc déroulée exceptionnellement en plein mois de juillet (au lieu du traditionnel mois de mai), et qui aura demandé au directeur général Thierry Frémaux et à son équipe de jongler avec les contraintes sanitaires et l’envie de « vida loca » des festivaliers.

Ensuite, on se souviendra de ce samedi 17 juillet, jour de cérémonie de remise des prix, pour avoir été celui des premières.

Première fois qu’un président du jury annonce par mégarde – souci de fiche ! – la Palme d’Or en ouvrant la cérémonie de clôture ! Mais personne n’en voudra à l’extraordinaire Spike Lee ! Et première fois qu’une réalisatrice, française de surcroît, remporte SEULE la très convoitée Palme d’Or.

S’il y eut déjà un précédent avec la réalisatrice Jane Campion en 1993 avec sa sublime Leçon de piano, celle-ci avait dû partager le prestigieux rameau doré avec le cinéaste Chen Kaige et son envoûtant Adieu ma concubine.

28 ans plus tard, Julia Ducournau s’est donc vue décerner par Spike Lee et son jury la Palme d’Or pour Titane. Un film coup de poing, métal, rock et trash, dérangeant et engagé… Bien loin de l’image que l’on se fait d’un festival que l’on accuse souvent – à tort – d’être conservateur et policé.

En tous cas, avec la consécration cannoise de Titane, le Festival de Cannes prend un sacré coup de jeune. Et la réalisatrice française de 37 ans y reçoit une poussée internationale qui vient confirmer les promesses de son premier long métrage, Grave, qui avait déjà vigoureusement secoué le cadre en 2017.

Julia Ducournau, icône du cinéma de genre et engagé français

Passée par la section « scénario » de la Femis, l’école de cinéma parisienne, Julia Ducournau n’en est pas à son premier rendez-vous cannois. En effet, c’est la 3e fois qu’elle se rend sur la Croisette… et qu’elle n’en repart pas les mains vides ! À la longue, gageons qu’il n’y a plus de hasard !

Ainsi, il y a 10 ans, elle remportait déjà un prix pour son court métrage, Junior, à la Semaine de la Critique. 5 ans plus tard, c’était son premier long métrage, Grave, qui était sur toutes les lèvres des festivaliers (en bien ou en mal !) et remportait le Prix FIPRESCI de la Semaine de la Critique. Il y a 5 ans déjà et l’on parle encore de ce film qui narre la transformation de Justine, jeune étudiante issue d’une famille véto-végétarienne et qui, suite à un bizutage où elle se voit contrainte de manger de la viande crue, découvre sa vraie nature.

Obsédée par la transformation, qui jalonne ses films, Julia Ducournau slalome évidemment hors des sentiers battus et trace une route qui en laisse quelques uns sur le bord. Forcément. Et Titane n’a pas gommé l’impression laissée par Grave.

Titane, la claque cannoise

Transgressif, transgenre, radical, traumatisant, envoûtant, la Palme d’Or a tout du chef d’oeuvre durable dans la mesure où il est profondément clivant. Si l’on ne peut qu’être hypnotisé par la maestria de la réalisatrice parisienne, soit on adhère soit on rejette. Pas d’eau tiède avec Julia Ducournau.

On pense immanquablement à un autre Français, Gaspar Noë, ou encore à des maîtres du genre comme David Cronenberg quand on voit la capacité de Julia Ducournau à mêler esthétisme, textures, matières, et grands thèmes de son époque.

Elle, dont « la folie » a conquis Spike Lee et son jury, remerciait d’ailleurs ce dernier au moment de recevoir la précieuse palme d’avoir « laissé entrer les monstres ». Mais, comme elle le confiait sur scène, « la monstruosité est une force pour repousser les règles de la normalité qui nous séparent ».

C’est donc une femme forte, moderne et engagée, qui a remporté la Palme d’Or de cette 74e édition. Malgré le procès permanent qui est dressé au festival quant au peu de représentativité des femmes cinéastes en compétition.

Des personnalités féminines en compétition, par-delà la simple représentativité

Certes, c’est une rengaine à laquelle le festival et Thierry Frémaux ont droit tous les ans. Une assignation à comparaître qui, lors de chaque conférence de presse, nécessite toujours 2 à 5 minutes de justification pour expliquer que la parité systématique ne soit pas de ce monde. Et encore moins de la sélection en compétition officielle au Festival de Cannes.

Ainsi, cette année encore, ce ne furent « que » 4 films de femmes sur les 24 films sélectionnés. Soit seulement 8,3% de l’ensemble de la sélection.

Mais les sélections de l’incasable Julia Ducournau, comme de la franco-norvégienne Mia Hasen-Løve (Bergman Island), de la française Catherine Corsini (La Fracture) et de la hongroise Ildikó Enyedi (L’histoire de ma femme) montrent à quel point le festival prend justement soin d’extirper ces artistes de leur statut de représentantes pour les ériger au rang de « cinéastes ». Et d’exposer comme elles réussissent, chacune à leur manière, à ancrer leur cinéma et leur vision dans les thématiques contemporaines.

Ainsi, le succès retentissant de Julian Ducournau ne manquera pas de valider les choix d’un comité de sélection qui n’a pas eu peur de « bouger le bourgeois ». Et les partis pris tout aussi courageux du piquant jury de cette 74 édition n’ont fait qu’ajouter une couche d’audace, de transgression et de modernité à cette sélection 2021.

Alors un grand bravo à Julia Ducournau, au jury et au festival !

Titane est sorti le 14 juillet dans toutes les vraies bonnes salles de cinéma. Attention, il est toutefois interdit aux moins de 16 ans.

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