Deux jeunes ingénieurs rennais ont créé un espace original de co-working pour les artisans. « Comme un établi », véritable établi commun pour une quinzaine d’artisans qui voient là une excellente réponse à beaucoup de leurs problèmes.
« Comme un établi », l’établi commun à une quinzaine d’artisans
La semaine dernière, nous louions l’initiative collective des chefs cuisiniers du Cercle des restaurateurs de Saintonge. Aujourd’hui, nous remontons légèrement vers le nord et l’Ille et Vilaine, où un très beau projet collectif a vu le jour.
C’est dès 2017 que Benjamin Danjou et Edvin Bernardin, deux amis d’enfance, passionnés de bois et devenus ingénieurs, ont eu l’idée de fonder « Comme un établi ». Une idée qui a pris corps en septembre 2020, dans l’ancien garage Peugeot de la rue Bahon Rault à Rennes, que l’association loue à la Ville.
On a vu fleurir un peu partout, dans toutes les villes, les espaces de co-working, le plus généralement dédiés au tertiaire. Benjamin Danjou et Edvin Bernardin, quant à eux, ont eu l’idée d’en faire de même… mais pour les artisans rennais !
Formés tout d’abord en collectif, puis en association, Comme un établi est ainsi une alternative ultra innovante pour l’artisanat local. Un peu à la mode des oiseaux Tisserins, en Afrique (qui ornent d’ailleurs le logo), qui construisent des nids collectifs circulaires qui peuvent peser jusqu’à une tonne, et où tous les « locataires » apportent leur savoir faire et leur bonne volonté.
Ici, le nid est un espace de plus de 1 500 m² sur deux niveaux, qui propose évidemment des ateliers, des espaces de stockages, mais aussi des outils et des machines que tous les locataires du lieu peuvent utiliser. Des solutions techniques bienvenues, mais pas seulement…
Une réponse aux problèmes des artisans rennais
Le fonctionnement de Comme un établi répond à des règles et à un calendrier très précis, pour faciliter la mutualisation des machines, des outils et des espaces. Un projet basé sur une démarche collective et locale, afin que tous puissent exploiter leur savoir-faire et en vivre dans les meilleures conditions.
Mais cette initiative de Benjamin Danjou et Edvin Bernardin répond aussi aux principales préoccupations de leurs confrères artisans, avec lesquels ils se sont longuement entretenus avant de se lancer.
Ainsi, revenaient souvent le manque d’espaces, la difficulté financière de s’équiper de machines souvent très onéreuses lorsqu’on est seul, ou encore l’isolement des artisans quand ils travaillent dans leurs ateliers.
Comme un établi leur propose de résoudre tous ces problèmes et de mettre en commun, outre les outils et les machines, leurs savoir-faire et leurs pratiques. Il n’est même pas rare que de nouvelles collaborations voient le jour entre deux disciplines différentes grâce, justement, à cette proximité.
En outre, et Benjamin et Edvin y tiennent, c’est un établi commun éco-responsable où rien ne se perd, puisque les chutes des uns servent souvent aux autres.
Comme un nid dans l’établi
Toujours inspirés par les Tisserins, les fondateurs ont donc pensé le lieu en deux parties distinctes.
La volière tout d’abord, un grand espace de 1 200 m² au rez-de-chaussée, qui accueille les métiers de l’artisanat utilisant du petit outillage : couture, bijouterie, tapisserie, maroquinerie, etc. C’est aussi l’espace où il est prévu qu’artisans et particuliers puissent se rencontrer, et où se dérouleront des événements comme les marchés de Noël ou de la création. Car il est aussi prévu que Comme un établi soit un lieu de rencontre entre les artisans et les particuliers, pour sensibiliser ces derniers à leur savoir-faire et, pourquoi pas, susciter des vocations.
A l’étage, ce sera le nid, un rien plus bruyant puisqu’exclusivement dédié aux professionnels travaillant le métal et le bois, avec les machines-outils dédiées.
Si l’épidémie et le confinement ont temporairement suspendu les travaux d’aménagement, tout devrait rentrer dans l’ordre à l’aube de 2021. Et ce seront donc plus d’une quinzaine d’artisans de toutes disciplines qui viendront, contre un loyer oscillant entre 290 et 450 € par mois selon l’utilisation des lieux et des machines, s’adonner à leur art dans les meilleures conditions. Au plus grand plaisir des Rennais !
Une initiative qui montre, une fois encore, que le collectivisme et la solidarité ne sont pas des idées datées et, qu’au contraire, elles pourraient être de très sures valeurs d’avenir !