Première mondiale et pleine d’espoir au Gabon, où un bébé gorille est né en milieu naturel de deux parents nés, eux, en captivité. Preuve que les plans de préservation et de réintroduction des espèces en danger d’extinction fonctionnent !
Un bébé gorille, fruit de deux parents nés en captivité, voit le jour en milieu naturel
Il y a quelques semaines, nous évoquions la complexité pourtant capitale d’assurer la reproduction en captivité des espèces en danger d’extinction, comme les cigognes d’Alsace ou le Ara rouge du Honduras, pour ensuite les réintroduire dans un habitat naturel protégé.
C’est, souvent, la seule manière viable de contrôler la reproduction d’une espèce menacée, de sanctuariser et pérenniser une lignée, avant d’opérer un retour à la nature. Phase particulièrement délicate de la protection animale, la réintroduction dans l’habitat naturel est conditionnée par tout un tas de facteurs dont va dépendre le succès, ou non, de l’opération. Avec, au bout du projet, l’espoir de voir l’espèce se reproduire dans son propre espace naturel et ainsi se relancer.
C’est pourquoi ce qu’il s’est passé la semaine dernière au Gabon gonfle d’espoir et d’enthousiasme tous les protecteurs des espèces animales de la planète.
Ainsi, les soigneurs de la Fondation Aspinall, qui accompagne les gorilles introduits dans le Parc National des Plateaux Batéké au Gabon, ont pu constater la naissance en pleine nature d’un bébé gorille issus de deux parents nés en captivité.
La mère, Mayombé, a vu le jour au ZooParc de Beauval de Saint-Aignan (Loir-et-Cher), quand son père, Djongo, est né au zoo de Port Lympne au Royaume-Uni. Ce dernier avait été réintroduit par la Fondation Aspinall en 2013, alors que Mayombé ne l’a été que depuis 2019.
Une première mondiale porteuse d’espoir
« C’est une nouvelle extraordinaire, une première mondiale très importante pour la conservation de cette espèce en voie critique d’extinction ! » C’est ainsi que Delphine Delord, directrice associée du ZooParc de Beauval, a accueilli la nouvelle.
De fait, c’est une naissance porteuse de tous les espoirs pour l’espèce et d’une confirmation. Celle que les programmes de réintroduction dans la nature fonctionnent !
Ainsi, si « la nature est brutale » et qu’il y a toujours un risque, la naissance – qui s’est semble-t-il déroulée dans la nuit du 13 au 14 juin -, s’est très bien passée. De plus, la jeune maman paraît très bien s’en sortir alors que, fait très important, le nouveau papa a l’air de prendre son rôle à coeur.
En effet, toujours selon Delphine Delord, « les mâles gorilles ont un rôle à jouer dans le développement de leur progéniture ». Et Djongo semble parfaitement assumer le sien.
Évidemment, il est hors de question d’aller embêter la jeune famille et de lui envoyer une assistance sociale. Aussi, c’est grâce aux caméras installées dans la forêt que les soigneurs se renseignent sur la santé du nourrisson. Et ce qu’ils voient pour le moment les gonfle d’enthousiasme et d’euphorie.
Comme le confirme Rodolphe Delord, président du ZooParc, qui avait accompagné le transfert de Mayombé au Gabon en 2019, « c’est un moment essentiel pour la protection de la vie sauvage et un jour extrêmement émouvant pour l’équipe entière ». Pour lui, « voir aujourd’hui la descendance de Djongo née en liberté, loin de la persécution humaine, est une image puissante ».
Une image pleine d’espoir pour une espèce réduite à « 150 000 à 250 000 gorilles dans les plaines de l’Ouest » de l’Afrique, alors que 800 individus vivraient en captivité dans des zoos.